Marre des victimes : trousse de secours du sauveur !

Ça t’es déjà arrivé de ne plus savoir quoi faire face aux victimes sur pattes que tu croises sur ton chemin ? Longtemps j’ai été très mobilisée par les personnes plaintives, ne sachant plus quoi faire pour les aider et n’y arrivant jamais vraiment … Si c’est aussi ton cas, je t’invite à te munir de la trousse de secours du sauveur !

 

La victime est une personne qui se sent impuissante, se met dans une position de non-choix, continue à se plaindre en boucle sans trouver le moyen d’agir pour changer.


Si tu es sensible à ses frustrations répétées, tu prends alors la position du sauveur bien-aimé, qui se donne l’illusion d’avoir le pouvoir de rendre la victime plus heureuse.

Comment repérer les victimes sur pattes ?

La victime va utiliser des termes précis qui manifestent son impuissance à agir : « Il faut … », « Je dois … », « J’ai pas le choix … », « Je suis obligé … », « Je suis forcé … », … sont autant de formules qui montrent que la victime se sent (et pas qu’elle est) forcée à agir d’une manière qui ne lui convient pas et qui font la preuve par « a + b » qu’elle subit son choix.


Si tu es sensible à ces formulations et que tu bondis au secours des victimes qui les formulent, tu es peut-être aussi sensible, voire hyper sensible aux signaux physiques de détresse, tels que les mimiques de tristesse, le relâchement tonique, les soupirs, l’abattement, ...


La démonstration que la victime fera de son incapacité à s’en sortir achèvera de te faire plonger dans le rôle du sauveur, avec des plaintes répétées comme : « J’y arriverai jamais ! », « Je suis nulle ! », « Je suis pas capable ! », « Je suis débordée. », … Bref tout ce qui rend la réussite impossible et qui amène à se faire prendre en charge par les autres.


Pour apprendre à lacer ses chaussures, il faut le faire une fois, puis une seconde, et ainsi de suite jusqu’à le faire de manière performante. C’est pareil pour tout : pour sortir de la position de victime, il est intéressant de décider ce que je veux, puis de trouver comment le rendre possible (au lieu d’impossible). La logique passe alors de « Je peux pas, donc je ne veux pas. » à « Je veux, donc je vois comment je peux. »


Donc attention, si le sauveur que tu es veut aider l’autre en cherchant des contre-arguments à chaque objection, observe bien le nombre de fois où la victime insauvable te dit « Oui mais … » : « Oui mais, je ne peux pas … », « Oui mais c’est impossible … », « Oui mais si je fais ça, ça n’ira pas, parce que … » Et là réalise que la victime, pour rester victime, ne doit pas s’en sortir, et qu’elle te met, toi sauveur, dans l’impuissance dans laquelle elle se met elle-même. Il s’agit d’un double message : « Aide-moi mais ne m’aide pas ! » ou encore « J’voudrais bien, mais j’peux point ! ». Ce sont les actes qui comptent et pas les paroles : si elle réclame ton aide et la décline tout aussi vite, c’est bien pour entretenir son impuissance.

Trousse de secours du sauveur

Il y a 5 questions à te poser pour sortir du rôle de sauveur :

  • L’autre t’a-t-il demandé ton aide ?
  • As-tu l’envie, le temps, l’énergie de l’aider ?
  • Est-ce ton rôle, ton mandat de l’aider sur ce point ?
  • As-tu les compétences pour l’aider ?
  • L’autre fait-il sa part ou est-ce que tu fais tout pour lui : 50/50 ?

Prenons un exemple concret raconté par une sweetcheuse. Comme elle, tu pourrais être à un bureau face à une collègue qui passe beaucoup de temps à soupirer et dit régulièrement, les bras ballants : « Aaaah, ça marche pas, j’en peux plus de ce truc ! J’arrive à rien ! » Si tu réponds au moindre soupir en lui réexpliquant en boucle comment utiliser un logiciel et en faisant son travail pour elle, il y a peu de chances que tu aies la paix au travail. Mais reprenons les questions de la trousse de secours du sauveur :

  • Te l’a-t-elle demandé ? NON, elle se plaind ou soupire.
  • As-tu l’élan de le faire ? NON, tu as du travail à revendre !
  • Est-ce ton rôle ? NON, c’est son job, pas le tien …
  • As-tu les compétences ? OUI mais en partie.
  • Fait-elle sa part ? NON, elle te laisse faire quasiment tout, voire tout ce qu’elle (dit qu’elle) ne parvient pas à comprendre.

Si tu réponds NON à une seule de ces questions, courage fuis car tu es dans la position du sauveur sacrificiel !

Comment responsabiliser une victime ?

Pour rendre une victime responsable de sa vie, plutôt que de se sentir responsable d’elle à sa place, il est important de :

  • Refuser de décider pour elle (« Je ne déciderai pas pour toi. Mais je peux te donner mon avis. »).
  • Refuser la place du méchant ou de la mauvaise (« Si tu ne m’aides pas, je n’y arriverai pas ! Me laisse pas tomber c’est pas cool ! »).
  • Limiter ton aide (« Je veux bien relire un peu ce que tu as écrit, mais tu gères le suivi clients. »).
  • Te distancier en cas de plainte répétée (limiter les contacts, moins répondre, partir, …).

Dans l’exemple de Dame Soupir au bureau, la sweetcheuse à laquelle je pense a mis son bureau plus loin pour ne plus autant voir et entendre les appels au secours de sa collègue. Du coup, elle était moins tentée de succomber à la tentation de la « sauver ». Elle n’a plus proposé son aide sans demande explicite de la part de la collègue. Et elle a limité son aide. Ce qui comme par magie a fait diminuer les plaintes de Dame Soupir et l’a amenée à faire davantage son travail, plus vite et mieux.


Dans tous les cas face à la posture « Aide-moi, ne m’aide pas », il est vital d’accepter l’impuissance dans laquelle la victime te met, plutôt que de jouer les sauveurs tout-puissants et indispensables, irremplaçables. Sans quoi toi le sauveur, tu vas te transformer en victime à son tour et c’est toi qui auras besoin d’être sauvé !!


Parce que si tu y regardes bien, sauveur et victime sont les 2 faces de la même pièce. Si tu joues les sauveurs, tu finis par t’en plaindre : « Je dois l’aider, j’ai pas le choix ! J’en peux plus. Je ne prends plus de temps pour moi, j’en fais trop … Mais je suis obligé ! » Les sauveurs sont des victimes aussi puisqu’elles se plaignent des victimes et se mettent dans une position sacrificielle jouissive et socialement plus acceptable, mais victimaire ! Elles se sacrifient sur l’autel des désirs de la victime, puis s’en rendent victimes !
Alors c’est qui la victime, finalement ?

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